Ce séjour en Haute Maurienne avait été préparé par Michelle S. mais le sort l’a malheureusement empêchée d’y participer. C’est donc huit randonneurs qui sont au départ le dimanche 29 juin.
Le trajet par l’autoroute est assez facile soit 145 km et à peine 2 heures. Le centre de séjour se situe à Lanslebourg au bord de l’Arc. En fin d’après-midi nous rencontrons Rémi qui va nous accompagner toute la semaine. Un premier examen du programme fait apparaître une difficulté, c’est la sortie refuge avec départ au pont des neiges. A cette saison l’enneigement est important à cette altitude et la deuxième difficulté est la longueur du trajet pour rejoindre le refuge de plume fine (près de 20 km). Il est décidé de choisir une approche un peu plus courte. Le reste du programme sera inchangé sauf impératif de la météo, ce qui se produira en milieu de semaine.
C’est un très beau soleil qui nous accompagne ce matin en direction du fond de la vallée de l’Arc. Nous prenons la direction de Bonneval sur Arc puis la petite route qui mène à l’ancien village de l’Ecot. L’objectif est de remonter le vallon de la Recullaz pour atteindre le cirque des Evettes.
A 9h nous prenons le sentier qui longe le torrent de la Recullaz au milieu d’une végétation humide et riche en fleurs. Nous verrons au passage l’ancolie des Alpes, l’orpin des infidèles. La gorges se resserre et le chemin s’engage vers la falaise sur les moutonnements rocheux laissé par l’ancien glacier. Quelques passages étroits demandent à mettre les mains puis c’est la découverte du cirque des Evettes avec à droite le glacier de l’Albaron et plus à gauche petite et grande Ciamarella.
Un lac occupe maintenant cette plaine glacière. Nous nous arrêtons au bord pour le piquenique. Entre temps le ciel s’est un peu couvert m’ais n’est pas encore menaçant. Coté Albaron nous voyons les roches vertes issues du métamorphisme alpin, c’est-à-dire des roches transformées en profondeur lors de la collision des plaques européennes et africaines et maintenant remontées en surface. Le sol est jonché de blocs verts de serpentine.
Au retour nous passons par le refuge des Evettes à l’architecture plus proche de l’algeco que du chalet d’alpage, mais la vue est imprenable. Une descente tranquille par le chemin normal du refuge nous ramène sur l’Ecot. Nous ferons une petite balade dans Bonneval pour apprécier son caractère authentique.
Nous prenons la direction du lac du Mont Cenis jusqu’au parking situé au col. Le temps est clair avec seulement quelques nuages pour le décor. Il est 9h 15, nous prenons le sentier qui mène au fort de la Turra. A 10h 10 nous atteignons le col de la Petite Turra à 2480 m. Nous somme au niveau du fort, c’est l’occasion d’y faire une petite visite. Ce fort est placé à un point hautement stratégique entre Italie et France d’où l’importance des bâtiments.
On peut accéder à l’intérieur, l’édifice est encore en assez bon état. A l’extérieur Claudine a trouvé quelques edelweiss, un peu de poésie dans cet environnement militaire.
Nous reprenons notre progression en direction du point culminant de la rando : le pas de la Beccia. La température est plutôt fraîche et la glace recouvre la végétation dans les parties exposées au nord. Un vent assez violent nous accueille au col. Il sera difficile de s’abriter pour le piquenique. D’un côté nous avons la vue sur le lac du Mont Cenis et les sommets italiens, de l’autre la Maurienne et la Vanoise. Un phénomène lumineux attire notre attention pendant le piquenique. Le soleil à crée une zone irisée sur le bord d’un nuage. C’est étonnant et inhabituel, différent des halos.
La descente côté lac est assez raide et s’adoucit progressivement pour nous emmener dans une prairie alpine riche en fleurs. A cette saison le lac n’est pas complètement rempli après la forte consommation due à la saison d’hiver. Avec un apport des conduites souterraines venant de différents points du massif, son niveau s’élève de 70 cm par jour.
Temps bouché, que faire ? Jean propose une visite de Suze en Italie. C’est pas très loin à vol d’oiseau mais à vol d’oiseau seulement, car par la route c’est une autre affaire surtout avec un brouillard ou on ne voit pas à 30 m. En effet il faut repasser par le col du Mont Cenis et descendre sur Suze qui est 1000 m et une centaine de virages plus bas. Il faudra plus d’une heure pour faire les 35 km.
Suze est une jolie ville de montagne, (quand il fait beau ?), moyenne quand il pleut. Mais il y a tout de même quelques ruines romaines à visiter.
Le départ du Pont des Neiges près du col de l’Iseran ayant été abandonné, l’objectif est d’atteindre le refuge de Plume Fine à partir de Termignon.
En début d’après-midi la navette du centre nous conduit au parking qui est au niveau de l’oratoire St Antoine. Le temps est couvert mais il ne pleut pas et une amélioration est prévue pour le lendemain. Rémi nous dirige vers les lacs qui dominent le Doron de Termignon. Nous progressons la plupart du temps hors sentier. Nous passons près des lacs de Bellecombe qui sera l’occasion de faire de très belles photos. Un peu plus loin nous faisons face à la falaise au-dessus du Doron. C’est là que niche une famille de gypaètes barbus. On repère facilement le nid dans un trou du rocher grâce aux fientes blanches sous le nid. Pas d’oiseaux visibles mais nous en verrons un le lendemain. Nous continuons sur ce plateau en balcon pour rejoindre le refuge du plan du lac. Ce refuge est accessible en voiture et adapté aux personnes à mobilité réduite. Nous continuons au pied des rochers de Lanserlia aux formes découpés et à l’aspect ruiniforme. Nous croisons un renard qui semblait boiter ? Puis en contre bas nous apercevons le refuge de Plume Fine. C’est un chalet d’alpage rustique qui peut néanmoins héberger 17 personnes.
Elodie, la jeune et nouvelle gardienne nous accueille et l’on s’installe avant le diner qui sera une fondue. Finalement une nuit presque confortable vu le cadre rustique. Bonne nouvelle le temps s’est complètement dégagé. Vers 8h nous partons en direction d’Entre deux Eaux que nous laisserons à notre droite. A partir du pont de la Renaudière, nous prenons le sentier qui rejoint le refuge de l’ Arpont par le sentier en balcon. Dénivelée moyenne (environ 700 m) mais une bonne distance à parcourir. Nous montons dans les alpages avec la face sud de la Grande Casse en toile de fond. Soudain, Toby notre spécialiste des oiseaux nous alerte. Le gypaète vole au-dessus des falaises du Doron. Malgré la distance, environ 500 m l’oiseau avec ses 3m d’envergure, est impressionnant. Nous arrivons bientôt à une grande combe qui nous permet de découvrir une partie du glacier de la Vanoise. Nous faisons une pause au niveau des lacs des Lozieres. C’est un des plus beaux sites du parcours. Nous sommes au pied du glacier de Pelve et du Dôme de Chasseforêt. C’est là que Toby fait le portrait de la grenouille. Petite déception, pas de bouquetins à l’horizon. C’est pourtant dans ce secteur que dans les années 70, que l’on avait vu un véritable troupeau. Les descendants ont dû changer de secteur.
Il est largement plus de midi quand nous apercevons enfin le nouveau refuge de l’ Arpont. L’architecte ne s’est pas loupé en matière de design, C’est moderne tout en étant bien intégré dans paysage. La superbe terrasse sera désignée d’office comme aire de piquenique. Le café sera l’occasion de voir l’intérieur qui est très réussi.
La descente sera longue mais agréable au milieu des rhododendrons. Nous aurons la bonne surprise vers la fin de voir des lys orangés. Rémi qui déplorait de ne pas avoir d’occasion d’en voir beaucoup en Maurienne était ravi.
La navette nous reprend au pont du Chatelard vers 16H.
Les nuages se sont en grande partie évacués, pas de tergiversation, il faut y aller. Départ au pied du barrage amont au-dessus d’Aussois. Nous remontons la rive droite, la brume commence à s’estomper. Nous laissons le GR qui va entre autre au refuge du fond d’Aussois pour prendre à gauche vers le col de la masse. Le sentier court parmi les pins arolles ou l’on surprend le casse noix moucheté dont c’est l’arbre favori. Il mange et transporte les graines, ce qui assure la nourriture de l’animal et la multiplication du pin. Nous remontons la rive droite du torrent pour atteindre des névés encore bien présents à cette altitude. Un chamois isolé au niveau du col sera le seul quadrupède que nous apercevrons. Du col on aperçoit le petit râteau mais pas le grand. La montée se fait dans une pente raide mais régulière constituée de gros blocs que l’on franchit en posant une main de temps en temps. Le sommet est une longue croupe parsemée de cairns. Les nuages encore présents ne permettront pas de détailler l’ensemble des sommets on domine Modane et plus loin Valfréjus. On prendra un tracé un peu moins direct à la descente pour piqueniquer au col. Les névés de la montée seront vite avalés à la descente avec des techniques très personnelles dont la chorégraphie peut être qualifiée d’expérimentale !
En fin de descente les lacs sont enfin visibles de même que les pentes couvertes de rhododendrons en face on distingue nettement le refuge de la Dent Parrachée
On retiendra beaucoup de choses positives, le centre CIS avec un personnel vraiment sympathique et dévoué, un accompagnateur, Rémi, attentif et cultivé, enfin un programme varié, à peine perturbé par la météo.
Seul bémol, on aurait aimé que la France gagne son quart de finale, mais ce n’était pas un engagement de Michelle, notre organisatrice qui a manqué ces quelques jours, mais qui va se rattraper bientôt avec le reste du programme des Randonnées Savoyardes.